Courant, dérapant et s’étalant d’une superbe mollesse dans les faussés et les flaques. Marionnettes énamourées et absolument sans esprit. Tout est perdu, et se reconstruit. Mensonges bien incrustés dans le crâne. Les clapotis du poison raisonnent et le sourire s’étire avec une béatitude épouvantable. L’épiderme est blanc. Ou gris ? Juste mort, à vrai dire. Pourrissant sagement, le soleil est très mauvais pour les odeurs. Et le gel risque de cristalliser trop vite les membres engourdis. En constante mouvance, les goules faisandées bavent et râlent. Chiens collant à leur maître. Offrandes ou larbins. Vénérant l’infâme cannibale de leur vie. Presque animal. Plus tout à fait humain. Un entre deux parfois putride, dès lors que la barbaque se détache des os. Orange que l’on épluche. Pastèque que l’on découpe.

FEAT MÉLANIE THIERRY

« ... »

« Jouet vaudou. Triturée par un maître et protecteur fort peu aimable. La demoiselle aux grands yeux bleus s’imagine princesse ; Amazone et puis marchande de glace. Immergée à l’intérieur de son propre délire, elle patine dans l’irréel. S’irrite dès l’instant où le tangible s’introduit dans son étroit champ de vision. Et le sourire large et l'air faussement niais, ravie de son si parfait visage. Il ne faut pas juger des apparences, à peine le dos tourné, elle risquerait de vous grignoter le bras. Sensiblement décalée, elle tourne et retourne. Sa jolie robe à froufrou gonflant sous le vent. Rire cristallin brisant le mirage gangréneux. Sa tignasse dense et sa peau trop blanche aveugle quiconque d’insipide et d’innocent. La voilà qui se plante devant votre figure incrédule. La lèvre pendouille, l’oreille se décroche et une plaie purulente sur la joue laisse s’exalter une odeur infecte. Soulignement de sa nature. Champignon ou moisissure. Nulle poupée de porcelaine, point d’enfant pieuse et sage. Serpillère charmée et enjouée, l’affreuse gamine babille d’excitation et d’enthousiasme. Farfouillant dans les poubelles et les jardins. Elle casse la vitre et accroche de ses ongles crasseux le duveteux enrobage d’un bébé énamouré. Quel merveilleux dîner ! Elle en est certaine, le messie de son cœur lui offrira un tendre baiser ! »

FEAT ASIA ARGENTO

« ... »

« Adepte partisane. Moscovite des bas fonds, à peine éveillée. La tête profondément enfoncée dans la cuvette de toilettes. Respirant par intermittence. Horreur que voilà ! Prostituée à talons hauts et robes courtes. Une rencontre ou un client. La différence est infime, le mirage prend vie. Esclave dévouée et galante, il lui apprend les bonnes manières. Friande adoratrice pleine de charme et sombrement débrouillarde. Son accent exotique enivre les oreilles mais laisse un arrière gout amère. Chienne sous les ordres d’un dangereux prodige, elle le comble et devient sa muse. Sa bouche crache le feu, sa cervelle dégueule de lave. Musicienne hilare, pleine de talents et un brin lunaire. Adepte des œuvres figuratives. S'engageant sur la route graveleuse au lieu de celle au bitume plane. Violence et calvaire. Bête noire que l’on craint de découvrir au bout du tunnel. Arrachant les yeux puis la tête. La tigresse mord et déchire la bidoche avec un plaisir inavouable. Aucun besoin de telle nourriture, elle est à la fois maîtresse et aimante mère de son créateur. Bombe à retardement. Il ne suffirait de pas grand-chose pour que l’ensemble éclate dans une effusion de massacres et de démence. Toujours sur le fil, la dantesque trapéziste vacille à la manière d’une flammèche. Entre action de s’éteindre, ou d'irradier le monde de sa perception fabuleuse. L’originale aime la laideur et jouie de ses épouvantables métamorphoses. »